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LE CHEMIN DE BUENOS-AIRES

— Dites, monsieur Antoine, vous oubliez que je suis là !

— Vous savez bien, madame Marie, que vous n’êtes pas de cette catégorie. Et moi ? Je ne pouvais rien dire, officiellement. J’étais censé ne pas les connaître. Elles allaient m’attraper des maladies ! Et qu’est-ce que je ferais d’elles en arrivant ? Je n’avais pas encore tout vu ! Ne voilà-t-il pas qu’une de mes pouliches se toque d’une passagère ! Et la passagère, une Américaine, se toque de ma pouliche. Elle était plus riche que moi, cette vicieuse-là ! Vous voyez d’ici la lutte. J’ai été forcé de me mettre au mieux avec une émigrante dans le but de m’en servir comme appât pour ramener la Sapho ! Voilà ce qu’elles vous obligent à faire, les femmes !

Elles m’échappent encore à Kingston ! Je dois lâcher dessus deux beaux gosses chargés de leur prendre le porte-monnaie. Le lendemain de la nuit d’amour, je les ai retrouvées. Elles pleuraient le long d’une vitrine. Elles avaient le ventre vide et ne savaient pas parler la langue. Alors elles redevinrent maniables. Mais pensez ce que cela m’a coûté ! Dites-moi, madame Marie ? N’aurais-je pas bien mérité de les tuer ?

— Monsieur Antoine, dit la portière, moi j’ai été comme ça dans le temps, avec mon deuxième homme.