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LE CHEMIN DE BUENOS-AIRES

— Ma chemise, mon peignoir, ma même couleur de cheveux ! Tu n’as qu’à l’appeler Marie, aussi !

— Cela te prouverait, au contraire, dit Lulu, que même dans une autre je ne veux voir que toi.

Elle lui piqua la main du bout de sa fourchette.

L’ancien souriait à ces galanteries.

Il avait cinquante-deux ans. La roue de la vie n’arrêtait plus devant lui que ses mauvais numéros. C’est pourquoi le jeune « assistait » l’ancien. Son couvert était mis chaque jour à cette table.

— On me piquait aussi la main avec une fourchette, autrefois ! dit-il.

— Il te reste dix mille pesos. Change-les. Cela te fait cent quarante mille francs, et rentre à Marseille. Voilà ton avenir maintenant. Tu ne veux pas m’écouter.

— Il veut me mettre à la retraite ! celui-là !

Il soupira :

— Les femmes… les femmes ! Elles sont gentilles tant qu’elles n’ont rien à manger. Sitôt que leur ventre est plein, elles deviennent méchantes. Elles n’ont aucune reconnaissance ! Je ne dis pas cela pour vous, madame Marie.

— Ce n’est pas la faute de la Berthe si elle est morte !

— Je ne pense pas à la Berthe. Mais après ce