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LE CHEMIN DE BUENOS-AIRES

le feuilleton du Petit Provençal. Lulu débouche les bouteilles en chantant : Les Montagnards ! Les Montagnards sont là ! Madame saute d’une queue de casserole à une autre queue de casserole. Un chien policier va de l’un à l’autre, léchant ces mains qui sont bonnes pour lui. L’honnête vie d’intérieur !

Retraversant la cour, madame embrasse Lulu sur les deux joues. Deux bons baisers qui pourraient se donner devant des enfants.

— Passe ta robe noire !

— Bien sûr ! Je ne vais pas me mettre à table avec mon peignoir de travail !


Le dîner est bon.

Je suis à la droite de madame. Madame est très gracieuse. Sur ses cartes de publicité son nom est Solange. Dans l’intimité : Marie.

Je ne l’avais revue depuis le soir du Mihanovitch, quand elle allait à Montevideo chercher l’autre femme de son « mari ».

— Je la trouve trop bien ! dit-elle.

— Madame Marie, fait l’ancien, vous savez que vous êtes la première.

— En tout cas, Lulu, je ne veux plus que tu lui prêtes mes affaires.

Pour le remplacement dont il fut question, Lulu avait emprunté du linge à sa femme.