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LE CHEMIN DE BUENOS-AIRES

Ils y allaient.

J’en tenais deux !

L’homme faisait dans les trente-cinq ans. La jeune fille dans les dix-neuf. Lui était brun, de beaux yeux bleus innocents. J’aurais volontiers changé son costume gris contre le mien. Il avait l’air gentil. La jeune fille était déjà teinte. Ses cheveux étaient de ce blond que seules possèdent les brunes. Elle avait de petites taches de rousseur sur son petit nez, un petit nez droit dans une petite figure qui n’était pas de travers. Grande comme il fallait, et surtout pas du tout l’air méchant. On l’aurait embrassée autant qu’une autre.

— Nous avons le temps, dis-je, le bateau ne part qu’à six heures.

— Le port est à huit kilomètres, fit le monsieur.

— Je le sais. Je suis du bord.

La jeune fille me demanda si le bateau bougeait. Je lui dis l’ignorer parce que j’avais dormi tout le temps. Elle voulut savoir si j’étais malade. Je lui fis remarquer que je n’en avais pas l’air. Elle me dit qu’en tout cas, elle, ne dormirait pas, parce que c’était son premier voyage. Je lui demandai si c’était son voyage de noces. Elle ne sut quoi répondre, mais elle regarda son compagnon avec un vif contentement.