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LE CHEMIN DE BUENOS-AIRES

Le premier coup de neuf heures nous trouva à la grille. Le coup du quart également.

On vit bientôt un couple qui nous donna de l’espoir. Jean-Philippe dit au Sincère : c’est pour toi !

L’homme avait une casquette comme un bon inscrit, la petite pouvait passer pour une femme de chambre du bord. Nous prîmes un peu de large.

Ils franchirent la grille.

— En voici une ! fit le convoyeur.

On lui serra la main, tous les trois. Et je vis qu’elle avait sur son chapeau noir, une broche, un point d’interrogation en strass !

On apercevait à gauche les lumières de la place 25 de Mayo.

— C’est comme à Paris, vous voyez, c’est joli !

Je jure bien qu’elle ne voyait rien.

Le Sincère voulut la prendre par le bras et l’emmener quelques pas.

— Non ! dit-elle, j’attends ma petite amie.

— Vous êtes contente maintenant ?

— Je suis contente d’avoir moins peur. Je ne le recommencerais plus, vous savez. Je ne croyais pas que c’était comme ça, le voyage. On ne peut plus rien me faire, à présent ? demanda-t-elle avec un trouble non encore apaisé.

— Voilà pour moi, fit Jean-Philippe.