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LE CHEMIN DE BUENOS-AIRES

désolé le long du Rio. Ici, au bout de la mer, elles sont venues monter la garde comme de pauvres troupiers d’infanterie coloniale…

Elles ne quitteront pas le poste à cause du colonel !

Mais c’est le reste qui compte. Le reste qui fait la Boca. C’est à cause du reste que les Polaks signent des contrats dans les gourbis israélites de la Pologne.

C’est les « casita » de la Boca.

Cela est insoupçonnable.

Alors dans ces « Casita » la salle de réception, c’est la cour. Une cour éclairée seulement d’un lumignon. Cette cour, pour la comparaison, ne réveille en moi qu’un souvenir, le couloir secret des fumeurs de haschisch, au Caire.

Pas un mot, ni un geste. Ces hommes, au lieu d’être accroupis, sont debout, épaulés au mur. Humbles, patients, résignés comme un groupe de pauvres, l’hiver, attendant à la porte d’un bureau de bienfaisance.

Ils attendront des heures cet autre pain, qu’ils viennent chercher ici.

À cause du silence religieux, on se croirait dans une église. On ne serait pas étonné de voir ces fidèles faire le signe de la croix en franchissant le seuil. Mais le bénitier manque.