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LE CHEMIN DE BUENOS-AIRES

Aires, chacune à son tour, quand elles seront mûres, bonnes à manger !

À Varsovie, à Cracovie, à Lvoff, dans les villages comme « mon » village, de vieilles femmes qu’ils payent toute l’année, n’ont d’autre métier que de leur signaler la bonne marchandise. Telle maison ne vaut rien : les filles n’ont pas de santé. Se méfier de cette famille : le père et la mère ont l’intention de demander cher. Mais là, là et là, tu trouveras ce qu’il te convient, ô petit frère. Montre-toi très religieux à tel endroit. N’épouse pas, ici, tu peux épouser là. Emmène la cadette, l’aînée est paresseuse ! Là il n’y a qu’une grand’mère, elle ne durera pas longtemps. Prends l’enfant, c’est la meilleure affaire du quartier. Je te l’ai surveillée comme un fruit sur un arbre. Tu n’as plus qu’à cueillir !

Les familles pauvres ont aussi un troisième avantage. C’est là que, d’emblée, on trouve généralement les plus belles filles. Pourquoi ? Parce qu’elles sont sans maquillage, sans apprêt, sans rien. Que ne peut-on faire avec un peu d’art, d’une demoiselle qui est déjà jolie, à l’état nature ?

Ils les achètent aux parents, par contrat. Un contrat âprement discuté, dûment signé, bellement paraphé. Imaginez un intérieur du ghetto de Varsovie, dans ces maisons dont la grande cour sent le dé-