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LE CHEMIN DE BUENOS-AIRES

chaque mois, fixe la somme que chacun doit souscrire en l’honneur de la police. Les Français attendent d’être sommés. Moins combattifs les Polaks courent au-devant des agents quêteurs. Aussi sont-ils les plus aimés.

Ils ont crédit ouvert entre eux. Ils se prêtent, sans papier, des sommes que je continue d’appeler énormes ! Bref, c’est l’ordre, la discipline et l’honnêteté mêmes !


Officiellement ils se disent marchands de fourrures. La fourrure, il est vrai, est également une peau ! Et les voici qui débarquent à Varsovie.

Tous ne sont pas juifs, mais les voyageurs, les maquignons qui courent les champs de foire polonais, eux, le sont. C’est indispensable pour entrer dans les familles. Leur travail n’est pas comme en France, un travail des rues, ils opèrent à domicile. Ils s’adressent d’abord aux parents, et ensuite, seulement ensuite, à la fille. Ils n’enlèvent pas, ils traitent. Les familles qui ont plusieurs filles sont les plus recherchées, comme présentant deux avantages : une pauvreté plus noire, une « remonte » assurée. Ce sont des commerçants sérieux, ils prévoient ! ils « stockent » ! L’aînée a vingt ans. Ils l’épousent ! La seconde, dix-sept ans, la troisième, quinze ans. Ils les retiennent ! Ils les feront venir à Buenos--