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LE CHEMIN DE BUENOS-AIRES

cadette, mais aussi la plus jeune. Une mineure ; je ne savais qu’en faire sur le moment. J’ai partagé les vêtements et les bijoux. Mado avait fait son chemin. La plus jeune a suivi ses traces. Je m’occupe encore de la seconde.

Le Barman sourit :

— Cette petite histoire semble finie, dit-il. Elle ne l’est pas. Voici la fin. Deux ans plus tard, je vois arriver mon prix de beauté, tenez ! dans le café de Suipacha où vous m’avez trouvé, tout à l’heure. Elle était repentante. — Reprends-moi, dit-elle.

Le natif s’était fatigué, comme de coutume !

— Tu sais bien, lui dis-je, que je suis avec ta sœur. — Je ne veux pas faire de tort à ma sœur, dit-elle, garde-la comme femme puisqu’elle vaut mieux que moi, et prends-moi à conditions comme fille d’amour. Tu me mettras tant de côté par mois !

On n’est pas insensible ! Elle était d’ailleurs assez punie d’avoir perdu son grade. Je consentis. N’ai-je pas été le bienfaiteur de cette famille ?

— C’est pour vous montrer que le métier n’est pas sans comporter des charges et des devoirs, fit Victor.

— Et vos bénéfices ?

— Des hommes comme nous, honnêtes, rangés, après cinq ou six ans de ce dur trevail, s’ils rentrent en France avec quinze cent mille francs, peuvent