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LE CHEMIN DE BUENOS-AIRES

Nourrir notre famille et la famille de notre femme.

Aider toutes les misères selon nos moyens.

Donner un habit, même s’il était encore bon, à un déguenillé.

Faire le bien à bon escient et la charité au hasard.

Ne pas voir battre un plus faible.

Se laisser arracher les ongles un par un plutôt que de livrer un camarade, même s’il était coupable.

Déjouer les perfidies de la femme, c’est-à-dire la dénoncer à son « mari » si l’inconsciente vous faisait des avances.

— Eh bien ! vous feriez du beau travail dans la société ordinaire, avec votre dernier principe !

— Aussi, voyez où cela vous a conduit !

Hélas, notre milieu aujourd’hui n’est plus aussi propre. Chez nous, comme chez les autres, la guerre a fait son œuvre démoralisatrice. Les jeunes s’appellent maintenant des « vrais de vrais ». Vrais de vrais ! laissez-nous rire, nous les anciens. De notre temps il n’y avait que des hommes. Quand on est un vrai de vrai on ne le dit pas. On le cache ! Moi je suis venu en Argentine comme marchand de chevaux. Un monde qui n’a plus ni pudeur ni discrétion, voilà bien le spectacle donné par notre époque !

Nous avons honte de notre nouvelle génération.