Page:Londres - Le chemin de Buenos-Aires, 1927.djvu/13

Cette page a été validée par deux contributeurs.
15
LE CHEMIN DE BUENOS-AIRES

martre, à la terrasse non plus d’un bar, mais d’un établissement cardinal appelé Mazarin. Je n’étais point seul. Le chef de la police des mœurs à la Sûreté Générale était avec moi. Je l’avoue. Quand il s’agit de trouver mon foin je mange à tous les râteliers. Cet homme éminent, surprenant, étonnant et épatant a nom Bayard. C’est lui qui surveille tous les chevaliers. On n’est pas sans peur quand il approche ! Je commandais un Vittel-Menthe quand Bayard me fit une observation fort juste :

— Vous ne buvez plus que des Vittel-menthe. Demain vous sortirez vêtu d’un costume impeccable. Après-demain vous aurez des billets de mille en vrac dans les deux poches de votre pantalon. Parce que vous êtes là-dedans depuis quinze jours il ne faut pas croire que c’est déjà arrivé.

Je demandai deux cafés crème. Nous parlâmes de ces messieurs.

— Nous allons en voir passer des quantités. J’appellerai les plus intéressants ou ceux que vous voudrez.

— Eh ! quand vous les appellerez ils s’enfuiront.

Bayard a des mouvements mesurés. Il tourna doucement les yeux de mon côté puis il appuya sur mon inexpérience un regard condescendant et pas pressé.