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LE CHEMIN DE BUENOS-AIRES

troisième ne lisait rien. Les mains dans les poches de sa veste, les jambes allongées, ses pieds faisant bâiller le plancher, il était triste, profondément triste, effroyablement triste. Le quatrième n’avait pas l’air gai. Il se leva. Il se dirigea vers la sortie. Il ouvrait la porte quand la Galline réapparut. Six minutes lui avaient suffi.

L’indécis se retourna. Il la regarda. Il la regarda bien. Du pied il referma la porte et, décidé, il revint s’asseoir à son rang.

— On croyait avoir gagné une place, dis-je au suivant, mais il est revenu.

— C’est ce que nous appelons un bafouilleur, me dit l’honorable voisin qui, lisant Critica, parlait tout en lisant.

La Galline emmena le lecteur de la Prensa.

Le silence retomba sur la salle d’attente.

Le timbre retentit. La portière écarta le rideau. Elle n’ouvrit pas. L’œil avec lequel je regardai la dame de la porte dut être chargé d’un vif reproche, car elle crut bon de me donner une explication.

Atorrante ! fit-elle.

Atorrante ? demandai-je au lecteur de la Critica.

— Un va-nu-pieds, un pouilleux !

— Pour la Boca, conclut la portière. Ici, pour Messieurs sérious.