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LE CHEMIN DE BUENOS-AIRES

lui avait répondu Armand. Ce n’est rien du tout. C’est une espèce de piqué qui ne sait pas ce qu’il veut. Je lui parle comme ça pour le calmer. S’il fait du bruit, c’est moi qui le sortirai. Ce n’est pas à vous, un brave père de famille, à trancher ces histoires. Un petit bock, monsieur l’agent ?

La Tonnelle : bar ovale sous l’escalier, salle longue flanquée de tables et de bancs, les deux cloués au sol pour qu’ils ne s’envolent pas au souffle des bagarres. Rien que des casquettes ! Et puis l’orchestre, de rose habillé, et qui éclaire par sa musique le cœur obscur des débutantes qui ont dîné d’un café crème.

— Bonsoir Armand !

Une pomme est une pomme. Un homme respecté n’est pas toujours respectable. Armand est un maquereau. C’est ainsi. Il est ce qu’il est, mais il l’est. Je sais ce qu’il fait. Il sait ce que je fais. Il a confiance en moi. J’ai confiance en lui. D’homme à homme.

— Les quatre que vous voyez à la deuxième table, eh bien ! c’est comme moi !

Quand Armand me présentait un collègue, il disait : « Un tel : comme moi ! »

— Ils arrivent de Buenos-Aires. Ils sont tout chauds, ils fument encore. Allons les renifler.

Il m’amena à la table.