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le juif errant est arrivé

fenêtre, psalmodiait dans un autre Talmud. Le froid, la faim, la lumière qui s’éteint, l’invasion de trois étrangers, rien ne trouble un Juif en contact avec Dieu. Les supplications humaines de la femme se heurtaient aux voix extra-terrestres des enfants et du vieillard.

On entra dans une vingtaine de ces cabanes. Partout des enfants en chemise, des lecteurs de Talmud, des femmes en larmes, des barbes inspirées et de ces fruits sauvages n’ayant que la peau sur l’os. Et l’odeur ? Une odeur de cadavre moisi, macéré dans un jus d’oignon. Et l’atmosphère ? Aucune de ces baraques n’a de cheminée. C’est le système des isbas russes. La fumée du four se répand dans le réduit, les yeux vous piquent, la gorge est irritée. Quelle famine ! Et j’ai trouvé pourquoi les lévites de ces Juifs sont ainsi délavées, c’est parce qu’ils doivent les faire bouillir dans leur pot au feu les jours de grand’faim !

Pas de mobilier ! Trois planches de bois font un lit, le mur de l’isba constitue le quatrième côté. Comme plancher, la boue.

L’une de nos visites fut plus tragique que les autres. La femme était sur le grabat, quatre enfants couchés autour d’elle. Le Juif, en nous voyant entrer, eut un geste de bénédiction. Il me