sud-carpathique habitent la Roumanie, l’un à Vichnitz, l’autre à Sziget. La guerre d’influence qu’ils se livrent ici est truculente. Pour chacun d’eux, l’autre n’est qu’un charlatan. Ils cherchent à se démolir à coups de fausses prophéties.
On apprend un matin, dans les Carpathes, que le rabbin de Sziget a prédit que la neige, tel jour, à telle heure, ne recouvrirait plus la terre ou que le dibbouck (âme tourmentée d’un mort) se réincarnerait dans tel personnage. Les partisans du rabbin de Vichnitz lancent ces bruits. Comme rien ne se réalise, la sainteté de l’homme de Sziget est légèrement compromise. Les manœuvres dépassent le spirituel. Les adeptes de Sziget versent du pétrole dans les puits des croyants de Vichnitz. Ceux de Vichnitz bouleversent les potagers de ceux de Sziget. Du sable miraculeux de Sziget pénètre les sacs de maïs de Vichnitz…
Il s’accomplit bien d’autres prodiges !
La loi de la Thora interdit à ces croyants de faire régler leurs affaires par les mécréants. Dans ces communautés, le rabbin est juge autant que prêtre. Je parle des rabbins familiers. Les Wunderrabbi sont trop occupés avec le prophète Élie pour s’intéresser à des affaires de bottes ! Le Talmud est leur code ; le rabbin tranche en son nom.