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le juif errant est arrivé

Ils fuyaient de Moravie, de la Petite Pologne, de la Russie. Les uns dans l’ancien temps, les autres dans les nouveaux, chassés par la loi, la faim, le massacre. Quand on n’a pas de patrie et qu’un pays vous repousse, où va-t-on ? Devant soi. Les derniers, venus de Bessarabie, partaient pour l’Amérique. Voilà leur Amérique !

En Moravie, ils n’avaient le droit de se marier qu’à raison d’un par famille. Ce n’était pas mal trouvé pour amputer la race. La famine les a chassés des bords du Dniester. Et depuis 1882 les quinze ou seize cents pogromes de Russie ont mis en marche les survivants.

Ils viennent de là.

Le pays était affreusement pauvre, presque vierge. Quand ils dressaient l’oreille, ils n’entendaient que le hurlement des loups et le prélude du vent dans les sapins. Alors ils se sont arrêtés, pensant que là ils ne gêneraient personne.

Ce n’étaient pas des israélites, mais des Juifs. Je répète cela parce qu’il faut bien comprendre. Les assimilés français, anglais, allemands, hollandais, hongrois, etc., ont renoncé depuis plus ou moins de temps à la vie purement juive. Chez eux, beaucoup plus d’Occident que d’Orient. Les pays qu’ils ont adoptés et loyalement servis les ont baignés de