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le juif errant est arrivé

rechercher le plus proche abri, et cependant ils restaient dehors. Ils portaient des baluchons sur l’épaule ou de petites boîtes à la main. On s’attendait à ce qu’ils vous offrissent leur marchandise, comme le font les Arabes chargés de tapis. Et quand un couple entrait en conversation, leurs mains de marionnettes traduisaient si bien leurs paroles que, de loin, on avait l’illusion de prendre part soi-même à ce bavardage gesticulant.

J’armai mon appareil photographique et me mis en batterie. Avez-vous jeté une pierre dans un groupe de moineaux ? Mes Juifs s’envolèrent. Peut-être n’en retrouverais-je plus d’aussi beaux ? Je les poursuivis avec mon instrument. Les uns couraient, les autres masquaient leur visage de leurs mains, les plus hardis me montraient le poing. « Ça ne mange pas les hommes, leur criais-je, c’est sans douleur ! » Comme dans ces pays on parle onze langues, dont les plus connues sont le petit-russe, le tchèque, le magyar et le yiddisch, mon français n’était guère victorieux.

Ils virent bien que je n’étais pas un enfant du Seigneur. J’avais oublié, en effet, la loi du Sinaï : « Vous ne ferez point d’image taillée ni aucune figure de tout ce qui est en haut dans le ciel et en bas sur la terre… » J’enfouis mon appareil dans