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le juif errant est arrivé

paraît-il, coupeur de bois dans les Carpathes. Et sur ce compagnon des loups, le Seigneur daigna abaisser sa pensée.

— Quitte ta hache, lui dit-il, prends une voiture, traverse les Carpathes et va en Pologne dire à mes Juifs qu’ils ne savent plus me parler. Leur âme est triste comme leur habit. De peur de rencontrer mon regard, leurs yeux s’accrochent au bout de leurs bottes. Ils pleurent, ils geignent. Courbés je ne sais sous quel poids, ils marcheront bientôt à quatre pattes. Ce peuple qui devrait être joyeux d’être mon élu, je le vois plongé dans l’affliction. La lumière s’efface du visage de mes Juifs, et les barbes sèchent à leur menton.

Dis-leur que je leur ordonne de relever la tête. Au lieu de gémir, ils chanteront ; au lieu de trembler, ils danseront ; au lieu de jeûner, ils se griseront. Assez de larmes, et vive la joie !

Bal Chem Tov posa sa hache. Il monta dans une voiture et partit à travers la Pologne. Frappant aux portes des synagogues, il cria :

— Holà ! que faites-vous le front contre terre ? Je vous apporte la parole de l’Éternel. Relevez-vous et dansez, mangez, buvez, fumez, chantez ! Laissez reposer votre esprit : il est racorni depuis