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le juif errant est arrivé

J’en ai fini avec la douane. Le sol est brûlant. J’appelle un arabadji. Le cocher accourt.

— Hôtel Palatin, Tel-Aviv ! lui dis-je.

De la tête, l’arabadji fait non et s’en va.

Les cochers arabes ne vont plus à la ville juive. Les cochers juifs ne viennent plus à la ville arabe. Alors ? Vais-je rester là, dans la poussière, à contempler la vieille peau de cochon de ma chère valise, ma douce compagne ?

Je pense que l’agence des Messageries Maritimes me tirera d’affaire. Je me dirige vers elle. Je pourrais dire que les rues sentent l’émeute ; ce serait de la littérature. Elles ne sentent que la graisse de mouton. Je vais, m’épongeant déjà, quand, soudainement, dans le temps d’une longue seconde Jaffa change de figure. Les gens courent, s’engouffrent chez eux ou chez les autres. Les rideaux de fer s’abaissent. Les volets de bois sont ramenés avec fracas. Les voitures quittent la station et s’envolent dans des coups de fouet. La panique orientale court la ville. Qu’est-ce ?

J’arrive au bureau des Messageries.

— Que se passe-t-il ? — Nous ne savons pas.

Un homme entre et dit :

— C’est un Arabe qui, en courant, a crié :