Page:Londres - Le Juif errant est arrivé, 1930.djvu/254

Cette page a été validée par deux contributeurs.
253
le juif errant est arrivé

Le nez dans la Thora, les hommes se balancent. Ils crient dans le vent de Judée leurs déchirantes prières. Faut-il être assez malheureux pour pousser des gémissements pareils ! Quand ils ne se balancent plus, ils pédalent sur place ; les uns n’allant que d’un pied ont l’air de rémouleurs. On entend des baisers claquer contre les pierres. D’autres fois, le mur est embrassé doucement, comme un mort. Regardez ces deux Juifs-là, ils ferment les yeux avec tant de force que toute leur figure en est ratatinée. Ils se soulèvent sur la pointe des pieds et se mettent ainsi à trembler sans perdre l’équilibre. Et cet autre ? Les bras tordus, il implore le mur comme si ce mur était un homme de qui dépendrait la grâce de son fils. Et celui-là ? Il pose soudain sa tête dans sa main droite et se désole si profondément que j’ai envie de m’approcher de lui et de lui demander : « Qu’avez-vous, mon ami ? Puis-je quelque chose pour vous ? » D’un poing menaçant, ce grand efflanqué en robe tabac, désigne le ciel tandis que son voisin, la tête rejetée, fait une telle grimace que l’on pourrait croire qu’il se gargarise au poivre de Cayenne. D’autres, de doigts tremblants et fins pianotent sur les blocs. « Israël ! Israël ! » s’écrie subitement ce vieillard et il pince violem-