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le juif errant est arrivé

— Je maudis ton père, lui dit le Juif, je le maudis cinq fois.

Impardonnable injure dans ce pays. L’Arabe en demeure pétrifié. Il demande :

— Pourquoi ? Qu’ai-je fait ?

— Ô mon ami ! répond le Juif, tu vas comprendre. Jusqu’à ce matin, j’étais ton esclave. Si j’avais proféré un tel blasphème, tu aurais fait signe à la police et la police m’eût traîné en prison et battu comme un chien. Hier j’étais un chien. Aujourd’hui je suis un homme. Je puis te dire sans rien risquer ce que tu pouvais me dire sans plus de risque. C’est dix-neuf siècles d’oppression que je viens d’exhaler dans ce cri. Je n’ai pu le retenir. Oublie-le, pardonne-moi et viens que je t’embrasse…

Et le vin fort de l’indépendance monta au cerveau des Jeunes Juifs. Une période héroïque commença. « La perspective ensoleillée de l’honneur, de la liberté et du bonheur », prédite par Théodore Herzl s’ouvrit.

On vit alors une magnifique chose : l’idéal prenant le pas sur l’intérêt. Les Juifs, les Jeunes Juifs de Palestine faisaient, au milieu des peuples, honneur à l’humanité.

Ils arrivaient le feu à l’âme. Dix mille, vingt