replacé la Mézuza, c’est une petite mauvaise action. Vos parents de la Galanterie frémissent-ils toujours au souvenir des pogromes ? Peut-être reverrai-je le pionnier de Kichinev à Jérusalem ? Savez-vous que, dans sa fureur antisioniste, l’horloger de Cernauti a définitivement saboté ma montre ? Ces pauvres Juifs de Lwow, tout de même ! Et ceux de Cracovie ? Quel dommage qu’ils refusent de se laisser photographier. J’ai raté les plus beaux. Et Nalewki ? Si le rabbin miraculeux avait été moins intolérant à votre endroit, tout se serait bien passé, en somme. Et voilà que vous allez rejoindre votre Russie sud-carpathique…
Nous marchions dans Varsovie, Ben et moi.
— Quand vous serez en Palestine, me dit-il, vous regarderez de tous vos yeux et vous m’écrirez de là-bas si la tentative vaut le dérangement.
— Vous êtes un homme de peu de foi !
— Je suis un Juif qui cherche son chemin.
— Vous l’avez trouvé en Tchécoslovaquie.
— Quand un alpiniste de chez vous couche au refuge, dans la montée, croit-il avoir atteint le sommet du mont Blanc ? Pour nous, Juifs de cette partie de l’Europe, le mont Blanc est encore dans les nuages. Moi je me suis réfugié dans les Mar-