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le juif errant est arrivé

rôder, m’arrêter, pénétrer dans leurs cours, ma silhouette les obsédait. Quelle catastrophe sortirait de cette méticuleuse inspection ? Portais-je une bombe dans ma poche ? Si oui, de quelle espèce ? Politique ? Économique ? Religieuse ? Combien m’avaient suivi pour essayer de percer le mystère ! Dès que je me retournais sur eux, ils se détournaient, levant subitement la tête, et semblant, d’un nez indifférent, chercher la direction du vent. Voilà que, ce matin, je limitais le champ de mes observations ! Je concentrais mon feu sur trois immeubles ! Malheureux Juifs des 41, 43, 45, qu’avez-vous fait au Seigneur ? La paix ne sera donc jamais sur vous ? Sur vous et sur nous ? Qui pourrait affirmer, en effet, que l’après-midi le mystérieux étranger ne changerait pas de trottoir ? Et les caftans se rapprochaient des caftans. De petits conseils de guerre se tenaient. Sous le hochement des têtes, les disques des casquettes plates fermaient et ouvraient simultanément les voies de la crainte ou de l’espérance.

Mon fonctionnaire n’arrivait pas. Je savais que ulica Gesia voulait dire rue de l’Oie. M’aurait-il pris pour le parrain de l’ulica ?

Un char de paysan traîné par un cheval qui avait dû vivre loin du foin, se rangea devant le