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s’il est boiteux, c’est qu’on l’a jeté par la fenêtre du premier étage. Depuis, il n’a pu remonter. Il est dans la cave.

Avec nos dents nous tenons nos mouchoirs sous notre nez. Les Juifs nous montrent la cause de l’épouvantable odeur. Le tout-à-l’égout du quartier passe dans leur demeure, dans la demeure de tous ceux de la rue ; plus de trois mille Juifs sont transformés en vidangeurs, car ce n’était pas dans la boue que nous marchions.

Les femmes s’accrochent à nous, hurlent de misère et se laissent traîner dans l’escalier que nous remontons. Dans la rue, les joues luisantes de larmes, la supplication à la bouche, elles dressent devant nous leurs enfants en chemise, comme une barrière !

Ne donnez rien, me disent les compagnons. Il faudrait des trains de zloty pour abreuver cette détresse. Ils en deviennent idiots, aveugles, bossus. Les enfants pourrissent. Ne donnez rien… rien.



Alors ?

Alors, c’est le ghetto, tout simplement. La résignation tiendra longtemps lieu de solution.