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le juif errant est arrivé

En Tchécoslovaquie, en Roumanie, nous avons eu la vision de centres juifs. Aucune ligne de démarcation entre le Juif et l’Européen. Un mélange où dominait le Juif. À Lwow, le Juif n’a que sa part. Ils sont quatre-vingt mille contre deux cent mille Polonais. Si l’on donne au mot contre son sens de choc, il est plus juste de dire que deux cent mille Polonais sont contre quatre-vingt mille Juifs.

La vie qu’ils y mènent est infernale. Tous désirent fuir. Vingt mille sont partis en 1926, quinze mille en 1927. Mais les États-Unis, le Canada viennent de fermer leurs portes. L’Argentine exige cent cinquante dollars. La France se montre difficile. La Palestine ne tente que les jeunes. Il faut demeurer dans le cauchemar.

Le Lwow polonais est une jolie ville. Mais nous venons pour l’autre Lwow. Il est juste au bout de l’allée des Légions, derrière le grand théâtre, borne-frontière. Le portier de l’hôtel a d’abord souri quand je lui ai demandé le chemin du ghetto, puis il a dit : « C’est tout droit, vous le verrez, allez ! »

« À quelle désolation êtes-vous réduits ? À quelle horrible confusion ! Vos maisons ont été jetées par terre ! »