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le juif errant est arrivé

En effet, de la main, elle nous désignait ses harengs : l’idéal de son époux avait sombré dans la saumure !

Sassner mâle fit son apparition. Il ne partageait pas l’amertume de son épouse. La Palestine avait été contre lui, mais il n’était pas contre la Palestine. Il défendit assez bien l’idée qu’une victoire est surtout remportée par les morts et les blessés.

— Demandez-lui s’il savait que le sionisme est basé sur l’agriculture et non sur le commerce.

L’ex-coiffeur de Tel-Aviv ne l’ignorait pas. Mais sa foi avait manqué de force pour le courber vers le sol. Il avait voulu faire du sionisme à bon compte. Et il conclut que le retour des Sassner ne prouvait rien contre Théodore Herzl. Une femme juive est respectueusement soumise à son mari, aussi Mme Sassner ne leva-t-elle pas les épaules.

De là, les deux compères que nous étions partirent pour d’autres boutiques.

— Nous entrerons, dis-je à Ben, et vous demanderez sans préparation : « Voulez-vous aller en Palestine ? »

Nous franchîmes le seuil de Jacob Isler, peintre d’enseignes. Il achevait en lettres bleues la commande d’un Samuel Mandula. Penché sur le panneau, il semblait, pour aller plus vite, peindre une