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le juif errant est arrivé

Meiselmann écoutaient. Soudain les glaces se brisent : le poing de la mère martelant contre le mur une plaque de tôle ressuscite les coups de marteau dans la vitrine. Et c’est l’irruption des étudiants. Le fils aîné ouvre la porte du fond et mime la fuite de ses deux sœurs. La mère barre de son corps cette porte de secours, deux fils se mettent devant la mère. Maintenant les doigts de la mère comptent les assaillants : deux fois dix ! Mais la peur a de grands yeux, jamais vingt étudiants n’ont pu tenir dans cette boutique ! Et le père reçoit des coups de cravache : aïe ! là dans le cou ! là sur l’omoplate gauche ! Et tout le magasin est retourné, les chaussures piétinant les casquettes, les pendules brisées. Plus un tiroir n’est à sa place, un vrai tremblement de terre !

L’après-midi, le récit recommença dans plus de vingt boutiques, où Meiselmann présenta son cousin Ben. On aurait pu croire que le mascaret était d’hier. N’est-ce pas parce qu’ils le redoutent pour demain ? Le gouvernement de Bucarest ne comprend pas que les Juifs, n’étant pas Roumains, ne peuvent vivre, agir, penser comme des Roumains. Un État et une nation sont deux choses très différentes. Les Juifs veulent bien faire partie de l’État roumain, mais peuvent-ils être de la nation rou-