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le juif errant est arrivé

distribuait. Je me trouvais en face du saint Vincent de Paul des monts Carpathes : M. Rosenfeld.

— Venez voir, me dit-il, en jetant une peau de bête sur son dos. C’est la détresse la plus inimaginable !

— J’ai vu, fis-je.

Il m’assura que je n’avais pas tout vu. On sortit. Il me montra une cabane comme les autres cabanes.

— Combien croyez-vous que vivent de personnes là-dedans ?

— Trois.

— Dix-sept, formant trois familles. Entrez !

Treize étaient présentes. Trois lits ! Vous entendez bien que ces lits sont de répugnantes niches. Aucun chien d’Occident n’y voudrait passer une heure. Les enfants y grouillent comme une portée de chiots. Les femmes se cramponnaient après Rosenfeld, poussant de déchirants cris de détresse. Elles disaient que le froid et la faim les déchiraient.

— Ces misérables gens m’aiment beaucoup, fit le notaire, eh bien ! si je leur donnais un de mes bras, ils le feraient bouillir pour le manger, tellement grande est leur faim !

Nous étions sortis de la niche humaine. Rosen-