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le juif errant est arrivé

D’anciennes incursions dans les synagogues d’Europe orientale me permirent de reconnaître que le châle était un châle de prière, un taliss, et que les deux petites boîtes représentaient les téfilin que tout Juif pieux lie à son front et à son poignet gauche les jours de grande conversation avec le Seigneur.

Un douanier protestant était en droit d’ignorer la sainteté de tels objets ; aussi les traita-t-il comme il eût fait de boîtes à poudre ou d’un châle espagnol.

La visite achevée, le rabbi gagna le quai de la gare.

Il laissa partir le pullman et prit, dix minutes après, le train des gens raisonnables.

Naturellement, je m’installai en face de lui.

Ma conduite ne m’était pas dictée par un caprice. Cet homme tombait à point dans ma vie. Je partais cette fois, non pour le tour du monde, mais pour le tour des Juifs, et j’allais d’abord tirer mon chapeau à Whitechapel.

Je verrais Prague, Mukacevo, Oradea Mare, Kichinev, Cernauti, Lemberg, Cracovie, Varsovie, Vilno, Lodz, l’Égypte et la Palestine, le passé et l’avenir, allant des Carpathes au mont des Oliviers, de la Vistule au lac de Tibériade,