Page:Londres - L’Homme qui s’évada, 1928.djvu/137

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Il se tut.

Pas de vent. Nous allons à la pagaie. Il y a beaucoup d’écueils, par là. La journée est difficile.

On ne mange pas. Pour mon compte, j’ai l’impression que je ne mangerais jamais assez vite et que je perdrais trop de temps.

La chaleur est si gluante qu’une lassitude chargée de sommeil nous pénètre. On dirait qu’elle nous saigne, que notre sang s’en va en même temps que nos forces. La pagaie tombe de nos mains. On n’en peut plus.

— Là ! Là ! dit Strong, regardez ! Cap Orange. Brésil !

Le sang me remonte au cerveau. Je saute presque à la figure du nègre.

— Que dis-tu ? Le Brésil !

— Le Brésil ! Cap Orange ! Le Brésil !

— À la pagaie ! les petits frères !

Je n’ai pas besoin de commander deux fois ; tout le monde est réveillé.