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LE DERNIER CHANT

Tout ce que j’ai pu dire au rythme de mes vers
N’est pas à la hauteur de mes rêves amers.
Tout ce que ma voix chante au courant de ma phrase,
N’est rien lorsque je songe à tout ce qui m’embrase.
Mes appels les plus sourds comme les plus perçants,
Mes cris d’amour éteints, mes cris de mort puissants,
Mais que sont ils, mon Dieu ! devant l’intense flamme
Qui brûle mon esprit et consume mon âme ?
Mais que sont-ils ces cris, et ces chants, et ces vers ?
Devant l’immensité de mes rêves ouverts.

À moi seul, j’ai rêvé plus qu’un grand nombre ensemble.
Et quand je vois qu’un livre, unique et court, rassemble
Le rêve et la douleur et la mort de trois ans,
Quand je vois ma chimère enclose aux feuillets blancs,
Et qu’en tournant parfois mon livre page à page,
Je pense : « C’est tout ça, trois ans de ton jeune âge ! »