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III

EN ROUTE POUR LA VIE

Nous l’avons donc doublé ce cap de nos tristesses,
Mère ! nous l’avons donc enterré sous des messes !
Nous l’avons donc quitté le noir pays du deuil !
Nous voilà donc enfin arrivés sur le seuil
De notre maison blanche où la douleur se noie !
Nous voilà donc, ô mère ! à deux pas de la joie !

Ce n’est pas que nos cœurs soient devenus ingrats,
Mais le temps a rongé nos regrets comme un rat ;
Ce n’est pas que nos morts n’entendent plus nos bêches,
Mais les fleurs, sur leur tombe, y demeurent plus sèches.
Ce n’est pas que nos yeux aient oublié les leurs,
Mais le temps nous les voile ainsi qu’à des voleurs.