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À L’INTÉRIEUR D’UNE ANNÉE


Nous avons tant laissé que nous voilà semblables,
À Jean le Bien Aimé, retiré dans les sables,
Que nous voilà plus nus que Jean du Paradis
Qui possédait au moins sa toison de brebis !
Nous avons tout laissé, nous, sur le mont funeste.
Le regret de nos morts, c’est tout ce qui nous reste.

Pourtant, montons plus haut sur la montagne encor.
Mère, n’y voyez-vous pas briller un point d’or ?
Quelle est cette lueur qui s’élève et se cambre ?
C’est ma fille Florise et ses beaux cheveux d’ambre,
Et ses deux yeux qui font, au travers des dangers,
Les suprêmes signaux à nos cœurs naufragés.
C’est ma fille Florise et ses deux mains levées
Vers l’espoir qui descend à larges envolées
Poser ses rayons bleus sur son front innocent.
Montons donc, maintenant, puisque l’espoir descend.

Montons chercher l’espoir qui s’abat sur la cime,
Arrachons nos regards des herbes de l’abîme,
Arrachons nos pensers des gouffres de la mort
Et nos cœurs déchirés de la dent qui les mord.
Arrachons et montons vers l’étoile qui brille,
Vers l’espoir nouveau-né, vers Florise, ma fille.