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L’ÂME QUI VIBRE


VII

Mais d’ici là, mon Dieu ! d’ici que ce jour vienne,
Je vais avoir le temps de mâcher mon chagrin,
Je vais avoir le temps de chercher, le matin,
La tête qui dormait les nuits près de la mienne.

Je vais avoir le temps de suivre tout au long
Tes heures d’hôpital et ta brève agonie,
Et de baiser longtemps, de ma bouche amaigrie,
Ce que j’ai pu garder de tes chers cheveux blonds.

Je vais avoir le temps de revoir dans mes veilles
Cette salle aux lits blancs qui prenait, dans le soîr,
L’aspect lugubre et froid d’un vaste reposoir
Où la mort s’entendait en prêtant bien l’oreille.

Et je me redirai tes paroles longtemps ;
Paroles de bonté pour tes compagnes blêmes,
Paroles où toujours tu t’oubliais toi-même
Afin de mieux pleurer sur les autres lits blancs.