formé l’esprit du camp. Il semblait aux détenus qu’ils venaient de sortir de « ce milieu amer et plein de vices immondes ». « On est toujours dans la peine, me dit l’un, mais cette fois la peine est propre. » Un autre se réjouissait si franchement de son nouveau sort que je le crus à la veille de sa libération.
— Oh ! non ! dit-il, j’en ai encore pour treize ans !
Une nouvelle troublait pourtant les hommes : le sergent Flandrin arrivait au bout de son temps. Il allait rentrer dans la vie civile.
— Qui le remplacera ? Pourvu que les jours d’El-Bordj ne reviennent pas ?
Ni ceux de Sidi-Bouhalal.
Hier, j’avais aperçu de la route une espèce de sinistre relais au flanc d’une montagne. C’était à l’horizon, la seule révélation qu’un jour des hommes fussent passés par-là. Maintenant, les maisons de boue s’écroulaient. Le lieu était abandonné. Le soir, en revenant, je n’y vis même pas les yeux d’un oiseau de nuit. C’était El-Bordj.
Rochon dit :