— Pourquoi les fers ?
— L’homme était furieux.
J’étais ― furieux, c’est vrai, répond Véron.
— L’avez-vous laissé deux heures aux fers ?
— Au bout d’un quart d’heure, j’ai dit au sergent D… « Allez lui enlever les fers ! »
— Oui, le sergent est venu dans le marabout, mais au lieu de me les enlever, il m’a « resserré ».
— Faites appeler le sergent D…
Le nom de ce sergent m’était connu. Je l’avais souvent entendu prononcer par les hommes de la route. Ce sergent était le héros d’une histoire dégoûtante. Il faisait coucher un détenu par terre puis ordonnait à des hommes de se servir de la figure du malheureux comme d’une feuillée.
Boutonnant sa veste il apparut doux et peureux. J’imaginais les dompteurs plus fiers.
— Racontez exactement ce qui s’est passé lorsque l’adjudant vous a dit de retirer les fers à cet homme.
Le gradé se sentit pris à la gorge et bafouilla.
— Eh bien ! racontez.
— J’ai fait ce que l’adjudant m’avait dit de faire.