Carrée. Sa conduite était si bonne que lors du premier convoi pour la Guyane, mon prédécesseur oublia Berton. Nous oublions ainsi quelquefois les condamnés. Ce n’est pas réglementaire, mais de bonne humanité. Bref, je viens de demander une grâce pour Berton. Ses vingt ans de travaux forcés vont être réduits à dix ans de prison. Comme il a fait huit ans, je le libérerai conditionnellement, dans quelques mois. C’est un homme sauvé. Mais il est courageux, honnête. Pas de bêtises, Berton ! pas de bêtises, même si l’on tue votre chat.
Un chat ronronnait aux pieds de Berton.
— Monsieur le directeur, si une crapule tue mon chat, je tuerai la crapule, je l’ai dit.
Berton excite les jalousies. Pour qu’il commette une nouvelle faute, des détenus sont prêts à tuer son chat. Ainsi s’entr’aident les hommes !
— C’est que, dans les prisons ils s’attachent aux plus petits représentants de la vie, à un moineau, à un rat…
— À un cafard, dit Berton.