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CHEZ LES FOUS

Il se bouche les yeux, les oreilles, le nez ; en vain ! Il voit toujours ses persécuteurs. Il entend qu’on le menace, il sent une odeur de roussi.

Il vit dans les transes, il dort dans le cauchemar.

— Quoi ? Qu’est-ce qu’il y a ? Arrière ! Les voilà ! Les voilà !

Au début, il n’accuse personne nominalement. Puis le fantôme prend une forme. C’est un individu qui lui est inconnu, ou c’est une secte, une société secrète, une association, un consortium ; ce sont les jésuites, les francs-maçons, l’Armée du Salut, une compagnie d’assurances. Ce sont les physiciens. C’est Edison, c’est Marconi, c’est Branly.

Jadis, c’était le diable. Le diable est détrôné. Il n’opère que pour les paysans arriérés. Les inventions modernes l’ont rejeté dans son enfer, le persécuteur d’aujourd’hui est le cinématographe, le phonographe, le sans-fil, l’avion, la radiographie, le haut-parleur.

— L’avion passait au-dessus de ma fenêtre (c’est une jeune femme qui m’explique son affaire) et il me disait : « Viens sur le balcon, je vais t’emporter par les cheveux. » Je fermais ma fenê-