Page:Londres - Chez les fous, 1925.djvu/84

Cette page a été validée par deux contributeurs.
81
CHEZ LES FOUS

Voici le fait :

La petite d’avant-hier a quinze ans. Elle aimait le bal, le soleil, les mots tendres. C’était inadmissible. Quand ses parents sortaient, ils l’enfermaient. L’enfant passait par la fenêtre. Les parents trouvèrent plus commode de charger autrui de la surveillance. Ils l’amenèrent dans cette maison de fous. On la garda.

Cette jeune fille n’est pas folle, m’expliquait le docteur, l’autre matin. Elle a besoin d’être tenue de près, c’est tout. Pourquoi est-elle là ? Enfin ! elle sortira bientôt.

— Je m’évaderai, Monsieur le doqueteur, je vous le dis. Je ne peux pas vivre avec toutes ces folles.

Elle s’évada hier. On la rattrapa dans les terrains maraîchers de l’asile. On la mit en cellule.

Ce matin je l’avais vue derrière ses barreaux de fer. Elle me montra sa caisse-cercueil garnie de paille.

— Je ne pourrai jamais coucher là ce soir, j’aurais trop peur, faites-moi sortir. Mon père ne peut avoir voulu cela. J’ai toujours eu des draps, suis-je une criminelle ?

C’est elle, qui d’une voix apeurée, entendant nos pas dans la nuit, appelait :