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CHEZ LES FOUS

ves. Elle demeure soudain souriante et figée au milieu du chahut et sa cuiller est arrêtée à égale distance de son assiette et de sa bouche. Cette malade est atteinte de négativisme. La sœur lui pousse le bras. La cuiller parvient alors à la bouche.

La malade est remontée pour deux minutes.

Huit ont la camisole. Il faut les faire manger. L’une ouvre la bouche, mais referme brusquement les dents sur la cuiller. La sœur ne peut plus extraire la cuiller et part. Et l’autre reste là ricanant, semblant fumer un invraisemblable cigare.

Une autre « camisolée » est à genoux sur les dalles. C’est sa position favorite. Les yeux pleins de larmes, elle rit. Elle ouvre la bouche devant la cuiller, mais n’avale pas la nourriture. Elle constitue des réserves. On va savoir pourquoi. Elle gonfle ses joues et, triton imprévu, souffle dans la salle des morceaux de macaroni.

Il y en a qui s’amusent.

Cette vieille coupe cinq morceaux de macaroni, les aligne sur sa manche et, se tournant vers moi :

— Cinq brisques, mon général, saluez !

Cette petite jeune me tend du bout de ses doigts une partie de sa ration :