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CHEZ LES FOUS

Nous entrons. Un « motif principal » nous frappe de stupeur. Elles sont plus de quatre-vingts folles dans ce quartier, mais, d’abord, nous n’en voyons qu’une : celle-là ! Le côté droit collé au mur, les bras bout à bout dans la camisole, chaussée de brodequins qui eussent encore paru spacieux pour les pieds réunis de tout un corps de garde, le crâne chauve, la bouche édentée sur toute la ligne, un sourire puissant figeant un visage carré, sa voix répète, saccadée, comme un torrent qui roule ses eaux :

— D’zim ba da boum des comp… compagnons de mes trois.

Cela dure depuis deux ans. La démente ne devient muette que sous le coup du sommeil, quatre heures sur vingt-quatre au maximum. Dès qu’elle ouvre l’œil :

— D’zim ba da boum…

Sa figure est satisfaite.

Nous regardons ce spectacle en silence, comme on regarderait un désastre, une grande inondation.

— Tiens ! crie une autre qui vient d’accourir, tiens !

Elle se plante devant la mère supérieure, fait demi-tour et lui montre son derrière.