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CHEZ LES FOUS

infamie. Va-t-on me laisser mourir dans cette prison ? »

Cris, gestes vifs ne prouvent pas que ces emmurés aient perdu la raison. Un homme tombé au fond d’un puits donnera de la voix dès qu’il entendra le pas d’un passant.

D’autres sont calmes :

— Je ne nie pas, j’ai eu de l’anémie au cerveau, mais voici trois ans. Depuis plus de deux ans, je ne sens plus rien, je vois clair comme avant. Pourquoi ne me renvoie-t-on pas ?

Si ce malade l’eût été du foie, des bronches, du ventre, sitôt guéri il serait sorti de l’hôpital. C’est que la chose est dans les habitudes et que la médecine générale est plus vieille que la psychiatrie. Dans plusieurs siècles, la psychiatrie aura assuré ses bases. En l’an 2100, le guéri aura le droit d’être guéri. Présentement, il doit attendre son heure ; la science, elle, attend bien la sienne ! Le fou est né trop tôt.

— Cet homme est-il vraiment guéri, docteur ?

— Possible. Depuis plusieurs mois, il est normal. Ne rechutera-t-il pas ?

Il est préférable pour un homme d’être bandit que fou. Quand le bandit a purgé sa peine, on lui