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CHEZ LES FOUS

petit garçon par la main et pleure. D’un regard elle cherche à qui confier l’enfant.

— Voulez-vous le garder une minute ?

Pourquoi moi ? La dame disparaît.

Je ne sais pas garder les enfants ; je vais apprendre.

— Tu es malade, mon petit ?

— Pas moi, c’est ma grand’mère !

— Qu’est-ce qu’elle a ?

— Elle est folle.

— Où est-elle ?

— Au premier étage.

La dame redescend. Elle pleure plus fort.

— Pourvu qu’on ne « me » la mette pas en face ! me dit-elle, tout comme si j’étais au courant de ses histoires de famille.

« En face », c’est Sainte-Anne.

— Mon mari m’a dit : « Fais ce que tu veux, c’est ta mère. Mais si elle met le feu chez moi et qu’elle fasse brûler mes petits ? » C’est horrible, monsieur ! Vous venez aussi pour une parente ?

— Non, madame, je viens pour moi.

Ses yeux, défaits par les larmes, s’immobilisèrent. Elle m’arracha l’enfant. Je me sentis soudain dangereux pour la société.