Page:Londres - Chez les fous, 1925.djvu/185

Cette page a été validée par deux contributeurs.
181
CHEZ LES FOUS

Un gars musclé est accroupi, torse nu, contre le mur et lit un catéchisme.

Il a tué deux pêcheurs voilà quinze jours.

Il est à l’asile pour observation.

— J’arriverai à savoir ce qu’il a dans le ventre, dit le docteur.

— Des tripes, répond l’homme. Et puis le ciboire. Et puis la crosse de monsieur l’évêque. Le bon Dieu dit : « Je ne veux pas la mort de l’impie. »

L’homme qui s’était relevé tombe à genoux et récite.

« Qu’est-ce qui a créé le monde ? – C’est Dieu qui a créé le monde… »

— Et qui a tué ses deux camarades comme un lâche ? demande le docteur.

— C’est l’esprit du mal. Mais ne me parlez pas de cette tuerie. Vous allez me redonner le cauchemar. Quand je pense surtout aux enfants qui restent, j’ai du remords. Que voulez-vous ? D’une main on vous frappe, d’une autre on vous cicatrise.

L’homme remet le nez dans son catéchisme et continue sa leçon :