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CHEZ LES FOUS

Les dentistes se trompaient de dent. Au théâtre, les acteurs, oubliant soudain la pièce qu’ils jouaient, se mettaient à réciter tour à tour et sans annonce au public, les plus beaux rôles d’une longue carrière.

Et le dimanche, le curé, en proie à Satan, prêchait tout son peuple accouru.

Parfois l’un de ces insulaires retrouvait la raison, mais personne ne le comprenait plus. Malheureusement il ne pouvait s’enfuir, puisque c’était une île. Il prenait son front dans sa main, puis, s’arrêtant, il essayait de réfléchir. Alors de tous les passants intrigués il recevait une joyeuse et inconsciente dégelée de coups de pied au cul – cela uniquement afin de savoir s’il était un homme ou une statue.

De temps en temps, la France envoyait en mission dans cette colonie une bonne escouade de savants qui devait « se rendre compte » et voir « ce que l’on pourrait faire ». Chahutés par la masse hallucinée les savants-ambassadeurs ne tardaient guère à regagner leur bateau au pas de course, non sans avoir auparavant levé plusieurs fois leurs bras au ciel clément.

Ils rentraient dans la métropole en s’écriant :