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CHEZ LES FOUS

Une espèce de Turc assis en tailleur, une badine à la main, charme des serpents. Il me demande de m’asseoir. Je m’assois. Il n’y a pas de serpents, évidemment ! Les serpents sont dans sa vision. Cela suffit. Il siffle. Du bout de sa baguette, il chatouille les reptiles sous le cou. Les reptiles se dressent sur la queue. Alors le Turc se relève pour les suivre dans cette ascension. C’est pour moi l’occasion d’en faire autant.

— Backchiche (pourboire), dit le charmeur.

Mendier est le seul moyen d’avoir quelques sous pour le fou abandonné.

Ce monsieur bien rasé et de mœurs décentes (les fous ont généralement une façon de mettre leur pantalon…) était sacristain. La nuit il se levait, pénétrait clandestinement dans son église, puis allumait les cierges, tous les cierges.

— Enfin ! Baptiste, disait le curé, quel est le vaurien qui allume mes cierges ?

Baptiste répondait :

— C’est un nouveau miracle de saint Sernin.

Le curé pinça Baptiste. Baptiste avait d’ailleurs plusieurs autres miracles dans son dossier. On l’interna en attendant de le canoniser.