Page:Londres - Chez les fous, 1925.djvu/131

Cette page a été validée par deux contributeurs.
127
CHEZ LES FOUS



Voici les familles qui arrivent. Rien de commun avec les visites aux hôpitaux, cela tiendrait plutôt des promenades aux cimetières. On apporte une bouteille de bière au lieu d’un pot de géranium, c’est tout.

Pourquoi viennent-elles ? Celle-ci parce que le cœur le lui commande. Une autre parce que les voisins trouveraient drôle qu’on n’allât pas voir le parent. Pour s’éviter des remords aussi. Tout cela est sans espoir. Ce n’est guère encourageant non plus.

La famille représente un monde lointain pour le fou. Les fous polis ne le marquent pas brutalement.

— Eh bien ! tu n’es pas content de me voir ?

S’il est content, il ne le dit pas.

— Tu sais, ton frère vient de mourir.

— C’est qu’il a bien chaud où il est.

Ils sont deux déments précoces sur un banc. Cette catégorie est encore sociable. Seul, l’un reçoit une visite.