à la justice et à la surveillance ? Si obscur que je sois devenu, après tant de déceptions, aurais-je encore celle d’avoir tant souffert, pour rien ? Est-il écrit que mon sang sera versé pour satisfaire — et il regarda férocement le porte-clefs — ceux qui, au contraire, devraient me protéger contre la haine clandestine ? Entendrai-je, une nuit prochaine, entre mes deux petits pots, le chant du condamné à mort ?
Hespel s’arrêta.
Quand un transporté doit être exécuté, ses camarades, généralement, le savent la veille. Lui, l’ignore. Alors, au cours de la nuit, par suite d’une vieille coutume que les malheureux se transmettent de génération en génération, un chant dont personne du peuple libre n’a encore pu se procurer les paroles, et dont seuls les forçats sauraient répéter l’air et le rythme, s’élève des cases proches de la case tragique. Cela veut dire : « Tes camarades te préviennent et veillent. C’est pour ce matin. Si tu as quelque chose à faire, fais-le. »
— Voyez, reprit Hespel, on a poussé la méchanceté jusqu’à coller cette pancarte à la porte de ma cellule : « À surveiller étroitement. » Ce qui signifie : homme dangereux.
Dangereux pour les fonctionnaires et pour les agents indélicats.