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ment, il déposait alors doucement, dans le panier, le chef sanglant de son vieil ami. Et pendant huit jours, se promenant face au Rocher noir (île du Diable), il répétait au vent du large et aux requins : « Je suis Hespel, dit Chacal. »

— Hespel ! tout cela est bien, mais pourquoi êtes-vous en cellule ? pourquoi passerez-vous de nouveau en cour d’assises ; il faut le dire, fit le délégué.

— Et je vais le dire, commandant. Parce que j’ai tué un infanticide.

— Un infanticide ?

— Oui, le pourceau Lanoé, qui avait tué sa mère.

— Mais ce n’est pas parce qu’il a tué sa mère que vous l’avez tué ?

— Non ! il voulait me tuer. Écoutez, je vais parler.

Une première fois, sur le pénitencier des îles du Salut, à l’époque où l’ex-caporal Deschamps, le traître à sa patrie, détenait, lui et ses complices, un poison violent pour jeter dans les citernes, j’ai failli, pour avoir servi la société, mourir sous les coups des conspirateurs.

Une autre fois — et M. le délégué sait bien ce que je veux dire, car s’il est des surveillants militaires, honneur de la profession qui travaillent au relèvement moral des malheureux, il en est d’autres… qui ont tenté de me tuer…

Une troisième fois — et c’était trop — Lanoé,