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— C’est le maire de Tanegrande, m’expliqua Garnier avec négligence.

Je demandai du vin pour l’assemblée.

— Et nous deux nous prendrons un verre de vieux rhum, vous me permettrez de vous l’offrir ?

— Bien sûr, monsieur Garnier.

Il reprit :

— Tu comprends, Lucien, en un sens tu as raison. Le doublage devrait être supprimé, mais si nous rentrons tous en France, la Guyane est perdue.

— Allons donc ! Nous sommes la plaie !

— Non ! mon cher. Nous sommes indispensables, ici ; les trois quarts des maisons de commerce fermeraient leur porte sans nous. Ensuite, il faut bien se rendre compte qu’au point de vue de la société, le gouvernement ne peut admettre qu’on rentre en groupe. Nous sommes dangereux ; mais, voyez-vous, monsieur, deux par deux, petit à petit, voilà la solution.

— L’or ! L’or ! Ah ! l’or !

— La solution ? C’est de tout chambarder !

Cette voix ne venait pas de la salle, mais d’un coin, derrière.

— C’est un revenant ? demandai-je.

— Non, c’est le neveu de mon ancien associé à Paris. Il mange derrière parce que, lui, il est encore en cours de peine. Il devrait être aux fers à cette heure, et même depuis longtemps. Mais